Balade autour des fours banaux.

Dans la commune du Bourget du Lac et dans ses hameaux, les fours dits banaux ont fonctionné jusqu’à la fin des années 1950. Il en reste 8 actuellement, mais on en comptait beaucoup plus avant que les paysans ne partent travailler en usine.
Au Prieuré du Bourget du Lac, les moines disposaient de leur propre moulin à grains et de leur propre four.

Le Village d’en bas

Dans les années 50, au centre du village se tenait la boulangerie de M. SYLVESTRE boulanger de son état. Il était appelé familièrement par ses concitoyens « Meringue » et cuisait le pain vendu aux habitants de la commune.
A cette époque-là, tous les mercredis, les paysans d’alors apportaient leur propre pâte à pain au boulanger qui en assurait la cuisson. En contrepartie ils lui fournissaient, du bois du vin ou de la gnôle. Les quantités de pain cuites correspondaient à la consommation de la famille pour plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Le reste de la semaine l’activité principale du boulanger consistait à cuire les fournées d’un pain qu’il vendait dans sa boutique à la population locale et à confectionner des pâtisseries (ses meringues étaient délicieuses et réputées).

Les hameaux d’en haut

Les fours sont des bâtis devenus collectifs depuis la révolution, ainsi leur entretien est revenu à la commune. Seul le four du Revet appartient encore de nos jours à la Fondation privée du Bocage à Chambéry.
Toutefois dans les hameaux situés au nord de la commune, au Raffour, aux Ciseaux, à la Roche St Alban, certains fours ont été détruits lors de rachats de terrains par nécessité et par les nouveaux propriétaires pour y permettre une construction.
Depuis le 19e siècle les fours qui appartenaient aux villages d’en haut étaient autonomes et gérés par les habitants ; les plus anciens datant probablement du milieu du 18ème siècle, sont ceux de la Matassine et des Cachouds.
Les fours du Grand Caton et du Petit Caton, de la Matassine, des Timonières de la Serraz, des Fourneaux, des Cachouds, ont été refaits et restaurés sous les différentes mandatures de la commune, avec pour certains d’entre eux l’aide effective d’habitants bénévoles et soucieux de la conservation de ce patrimoine tombé en désuétude après les années cinquante.
En 2018 les fours restaurés sont en bon état de fonctionnement, ils sont utilisés dans certaines occasions par les associations locales. Pour la Ronde des Fours organisée par Agora le dernier week-end d’avril, plusieurs fournées de pain sont cuites, et pour la circonstance le public est appelé à participer aux dégustations diverses.
Le samedi 22 septembre dernier une balade ‘’Découverte des fours banaux’’ a été organisée pour les membres du conseil d’administration des Amis du Prieuré et du Patrimoine, succès pour cette belle et agréable journée avec un déjeuner et des gourmandises cuites au feu de bois dans le four du Grand Caton ; four allumé et entretenu par nos amis André et Eustache experts en boulange en convivialité et aussi fins conteurs de l’histoire de nos fours.
Repas convivial dégusté par certains au cœur chaud du four, par d’autres dehors lui préférant le chaud du soleil.
Il faut aujourd’hui encore, pour obtenir l’usage d’un four communal, en référer à la Mairie. Et pour les tours de la chauffe (soumise ensuite à la charge de l’utilisateur bénévole) les noms et les horaires des utilisateurs seront inscrits comme autrefois à la craie sur une ardoise placée à cet effet à l’intérieur du four.
Après la fête, le nettoyage du four et son rangement sont confiés aux utilisateurs, les solides portes de bois, dont presque tous les fours sont maintenant équipés, seront refermées et le vieux four attendra une prochaine visite pour revivre à nouveau.

Petite histoire de la construction et de l’architecture de nos fours.

Les fours se ressemblent dans les hameaux et sont souvent une représentation réduite de l’habitat régional. Ils se composent pour la plupart d’un toit à deux pans, recouvert de tuiles rouges, soutenu par une charpente de bois qui elle repose sur des murs en pierre de construction de la région’ la molasse ‘La pierre est encore solide et de belle apparence au four de la Matassine et encore en bon état dans les fours du Revet et de Fourneau, des Timonières.
La charpente du four des Cachouds est apparente, probablement en bois de châtaignier, elle se révèle être élégante robuste et en bon état de conservation malgré un peu plus de deux siècles d’âge.
Le four proprement dit est composé d’une sole et d’une armature sphérique en briques réfractaires au-dessus desquelles vient s’ajouter pour le maintien de la chaleur une couche d’un mélange de sable de chaux et d’argile permettant une marge de dilatation lors de la chauffe. Par la suite avec l’arrivée du chemin de fer dans la région, des briques de meilleure qualité ont été amenées de la Drôme.
Les fours ont été restaurés à l’aide de matériaux plus récents, notamment pour la construction des avaloirs facilitant le tirage et l’évacuation des fumées. Le four du Revet, un des plus anciens, en est dépourvu. Deux planches retirées dans la structure assurent vaguement une ventilation par courant d’air.

A propos des fours banals ou banaux

* Au Moyen âge on parlait de fours banaux, une redevance (le ban) était due par le paysan au seigneur (à qui appartenait le four) pour le droit à cuire son pain.
Depuis l’établissement de l’État républicain, l’appellation fours communaux est plus exacte.